Petit plat Karatsu à friandises, kintsugi doré aux libellules, Momoyama – début Edo

Petit plat à friandises en grès Karatsu (Karatsu-yaki), probablement Momoyama – début Edo, à pâte sableuse et glaçure crème légèrement grésillée, typiques de la céramique japonaise de Kyushu. Le corps épais, tourné sans recherche d’ornement, appartient à ces pièces rustiques utilisées dans le chanoyu pour présenter un wagashi, recherchées par les maîtres de thé pour leur sobriété et leur présence wabi-sabi.

L’assiette, de forme très simple, a connu une importante restauration au kintsugi, qui transforme l’accident en véritable décor. De larges plages de la lèvre sont rebouchées à la laque urushi et recouvertes de poudre d’or soigneusement polie. Sur la face, l’or est animé d’un motif de libellules stylisées. Dans la culture japonaise, la libellule (tombo), surnommée kachi-mushi, « insecte de la victoire », symbolise l’élan, le courage et la persévérance. Associée au kintsugi, elle renforce la dimension de résilience et de renaissance : la pièce brisée devient plus précieuse après sa réparation.

Au revers, la même laque dorée est incisée d’un bandeau géométrique de triangles et de réserves ajourées, comme un fragment de ceinture précieuse autour du pied. Ce contraste entre la terre brute, presque paysanne, de la céramique Karatsu et l’éclat raffiné de laque et d’or crée un paradoxe très japonais : un petit plat utilitaire pour la cérémonie du thé est élevé au rang d’objet de contemplation. Le vocabulaire wabi-sabi s’exprime ici pleinement, entre simplicité des matériaux, acceptation des accidents et beauté des traces du temps.

Céramique japonaise Karatsu, Momoyama – début Edo. Kintsugi en laque et poudre d’or à décor de libellules et frise géométrique. Dimensions : 14,8cm de diamètre x 2,6 cm de hauteur.