Suivant vos coordonnées, nous vous enverrons un devis de transport.
Vase en grès à reflets métalliques de Kokuryo Hisato 1939 - 2020
Description
Kokuryo Hisato (1939–2020) est un céramiste japonais originaire de Kyoto, dont l’œuvre allie la tradition de la céramique Kyō-yaki et une créativité personnelle affirmée. Le vase présenté ici, en grès argenté à reflets métalliques d’environ 25,5 cm de hauteur, illustre parfaitement sa production de la fin du XXe siècle. De forme parallélépipédique irrégulière, il est orné d’un décor original de pastilles émaillées vert cerclées de rouge, un motif audacieux qui attire le regard. Cette pièce unique témoigne du parcours riche de l’artiste, de sa formation auprès des maîtres de la céramique de Kyoto à son indépendance artistique au sein de son propre four Mizuho-gama, et s’inscrit dans l’évolution stylistique de Kokuryo Hisato dans les années 1985–1995.
Parcours et formation de Kokuryo Hisato
Né en 1939 à Kyoto, Kokuryo Hisato s’est formé dans la plus pure tradition de la céramique japonaise. Il a été le dernier disciple du grand maître Kenkichi Tomimoto – reconnu Trésor National Vivant – et a également reçu l’enseignement de Kanjiro Kawai et de Kiyomizu Rokubei, deux figures éminentes de la céramique de Kyoto. Dès ses débuts, Kokuryo se distingue par son talent: encore jeune, il est primé dans de prestigieux salons et expositions au Japon, notamment au Nitten, au Takumi-kai, à l’Exposition Asahi et à l’exposition municipale des arts de Kyoto. Cet apprentissage auprès de maîtres illustres, doublé d’une reconnaissance précoce, a forgé sa maîtrise technique et son sens esthétique. Il hérite de la rigueur et du raffinement de la tradition céramique de Kyoto, tout en développant une sensibilité propre qui le conduira vers une voie artistique personnelle.
Indépendance artistique et four Mizuho
Malgré son succès initial dans les cercles artistiques, Kokuryo Hisato choisit de s’émanciper des voies traditionnelles pour affirmer sa propre vision. Il fonde son atelier personnel, le four Mizuho (Mizuho-gama), dont le nom – ainsi que son nom d’artiste Tōsai – lui est conféré par le moine bouddhiste Ekishū Takeda, supérieur du temple Kennin-ji à Kyoto . Vers la fin des années 1960, face au milieu de l’art céramique qu’il juge trop attaché aux titres, à la notoriété et aux intérêts commerciaux, Kokuryo quitte les associations officielles et les salons compétitifs pour se consacrer à une création indépendante . Cette prise de distance marque le début d’une liberté artistique totale : libéré des contraintes des écoles et concours, il peut désormais expérimenter formes et techniques selon son inspiration. Son four Mizuho devient le creuset de ses innovations, un lieu où il marie l’héritage de Kyoto (émail polychrome, savoir-faire du grès) avec une recherche personnelle d’authenticité et de simplicité. Kokuryo oriente alors son travail vers des pièces destinées à embellir le quotidien, estimant que la vraie richesse culturelle réside dans les objets usuels qui apportent joie et beauté à la vie de tous les jours. Il met un point d’honneur à créer des céramiques non seulement décoratives, mais aussi fonctionnelles et accessibles, en accord avec sa philosophie de l’art de vivre.
Un vase singulier des années 1985–1995
Ce vase en grès argenté à reflets métalliques s’inscrit dans la période de maturité de Kokuryo Hisato, créé entre 1985 et 1995. Durant cette décennie, l’artiste, alors à l’apogée de sa liberté créative, explore des formes et des effets de surface inédits. La forme de ce vase – un parallélépipède irrégulier dont tous les bords ont été arrondis – traduit une approche résolument moderne et sculpturale. Kokuryo s’écarte ici du tournage symétrique pour adopter un façonnage plus libre.
Sur le plan visuel, la surface irrégulière, argentée à reflets métalliques comme des oxydations est le trait le plus frappant de l’œuvre. Cette finition moirée et légèrement brillante est obtenue grâce à une glaçure métallifère particulière obtenue par une cuisson en réduction maîtrisée – qui dépose un voile argenté aux reflets changeants sur le grès. Ce traitement confère à la pièce une aura précieuse et contemporaine, tout en conservant la robustesse et la profondeur texturée du grès. Le décor polychrome, quant à lui, apporte une touche d’exubérance : de petites pastilles circulaires émaillées en vert sont disposées sur les faces du vase, chacune étant soulignée d’un fin liseré rouge et or, couleurs traditionnelles des émaux de Kitani. Ce motif de ronds crée un contraste dynamique avec le fond argenté.
Style et techniques : une œuvre entre héritage et innovation
Ce vase incarne les caractéristiques stylistiques développées par Kokuryo Hisato à la suite de son émancipation artistique. La liberté de forme – illustrée par la géométrie asymétrique du vase – reflète l’indépendance d’esprit de l’artiste. En s’affranchissant des contraintes formelles, Kokuryo a pu intégrer à ses créations des influences variées : on peut voir, dans le motif des pastilles émaillées, un clin d’œil aux décors ornementaux traditionnels du Kyō-yaki (tels que les médaillons floraux ou géométriques), revisités ici de façon très personnelle. L’audace chromatique – ce mariage de vert et de rouge sur fond argent – est emblématique de son style des années 1980-90, où il n’hésite pas à conjuguer les techniques ancestrales d’émaillage avec des effets visuels innovants. Sur le plan technique, la maîtrise de la glaçure à reflets métalliques démontre le haut niveau de savoir-faire du potier. Ce type de glaçure exige une grande précision dans la composition des émaux et dans la conduite de la cuisson, afin d’obtenir ce brillant métallique sans altérer les couleurs appliquées. Kokuryo, fort de l’enseignement de Tomimoto (orienté vers les émaux décoratifs) et de Kawai (porté sur les glaçures et la spontanéité du geste), parvient à fusionner ces héritages dans ce vase : le raffinement décoratif coexiste avec la forme épurée et l’usage libre des matériaux. On reconnaît également dans cette pièce l’importance qu’il accorde à la fonction utilitaire de l’objet d’art. En effet, bien que sculptural et destiné à être admiré, ce vase demeure un récipient fonctionnel, conçu pour accueillir une composition florale (ikebana) ou servir de pièce maîtresse décorative dans un intérieur. Il répond ainsi à la vision de Kokuryo selon laquelle la beauté de la céramique doit s’intégrer au quotidie
La signature de Kokuryo est présente sous la base du vase ainsi que sur son tomobako d’origine.
25,5 x 15 x 10 cm
Indisponible