Tsuba marugata à décor de toile d’araignée en nunome-zōgan

Japon, époque Edo (fin XVIIIᵉ – début XIXᵉ siècle)

Fer et incrustations d’or, diamètre 7,2 cm

Cette tsuba de forme circulaire (marugata) présente un décor d’une grande subtilité, composé d’une toile d’araignée finement incrustée en or selon la technique du nunome-zōgan. Ce procédé consiste à graver de minuscules stries à la surface du fer pour y marteler des fils d’or, créant un effet de tissage lumineux qui capte la lumière de façon nuancée sur la patine sombre du métal.

La composition joue sur l’équilibre entre le vide et le plein : les fils dorés de la toile s’étirent sur un fond volontairement irrégulier, marqué de petites cavités et d’usures évoquant la corrosion naturelle du fer. Ces irrégularités ne sont pas des défauts, mais un choix esthétique affirmé, témoignant du goût japonais pour la beauté imparfaite et la transformation du temps — une expression du wabi-sabi.

Le thème de la toile d’araignée, rare sur les tsuba, symbolise à la fois la fragilité de la vie, la patience, et l’art du piégeage subtil, métaphore du sabre lui-même. Dans le Japon d’Edo, ces motifs étaient souvent choisis par les samouraïs lettrés pour exprimer un tempérament introspectif, une méditation sur l’éphémère et sur la vigilance.

Le dessin minimaliste, la délicatesse du travail d’incrustation et la surface soigneusement oxydée situent cette pièce dans la tradition des écoles de ferronnerie raffinées d’Edo ou de Mito, où la recherche d’une harmonie entre matière brute et ornement discret atteignit un haut degré de perfection.

Pièce d’époque Edo, fin XVIIIᵉ – début XIXᵉ siècle.

Diamètre : 7,2 cm