Ensemble de douze coupelles à poèmes et scènes érotiques ou fantastiques – Japon, Shōwa 16 (1941)

Rare service de douze petites coupelles rectangulaires en grès fin à engobe beige, chaque pièce décorée d’un poème calligraphié en kanbun sur une face, signé 亂山書 (Ranzan sho), et d’une scène peinte sur l’autre : silhouettes érotiques, yokai ou fantômes à demi dissimulés derrière un paravent ou une cloison de papier.

Ces coupelles appartiennent à la tradition des en-zara ou haikai-zara, jeux lettrés où poésie, humour et sensualité s’unissent dans un double langage. L’écriture raffinée et les compositions discrètes témoignent d’un travail de lettré, sans doute issu d’un cercle poétique de Kyōto. Le reçu d’origine, daté d’octobre 1941 (Shōwa 16), mentionne le quartier de Kamanza, ancien centre d’ateliers liés aux arts du thé.

Les poèmes, composés en chinois classique, forment un cycle complet des douze mois. Chaque texte évoque la saison correspondante – le printemps et les fleurs, la pluie d’été, la lune d’automne, le froid hivernal – tout en y glissant une réflexion zen sur le temps, le désir et l’impermanence. Le revers pictural en offre la contrepartie sensuelle ou fantastique : l’humain face à ses passions, ses peurs ou ses songes.

Par leur raffinement et la subtilité de leur ton, ces coupelles constituent un exemple exceptionnel de céramique lettrée de la première moitié du XXᵉ siècle, où l’esprit du haikai et du chanoyu s’allie à l’impertinence des plaisirs cachés.

Japon, Kyōto (probablement Gojō-zaka)

Daté du mois d’octobre 1941 (Shōwa 16)

Signature : 亂山書 (Ranzan sho)

Grès fin émaillé, engobe beige, décor peint sous couverte

Dimensions : env. 10,5 x 8 cm

Ensemble complet de douze pièces accompagné de son feuillet d’origine daté et tamponné et tomobako. Une restaurée en bordure.